Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/140

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Avec l’accent anglais, sur un ton larmoyant.
Son masque est sans couleur, et Roberte en voyant
Son teint rasé, découvre alors que c’est un homme.
Il marche à côté d’elle en disant qu’il se nomme
Depuis le jour de sa naissance, Antonia,
Qu’il est danseuse ; alors prenant son tibia
Dans sa main droite il met sa main gauche très haute,
En dressant son poignet à chaque pas, et saute
Pendant quinze ou vingt pas de suite à cloche-pied
Sans poser du tout l’autre à terre, ainsi qu’il sied,
Dit-il, à son métier de première danseuse !
Il se montre, en disant d’une grande faiseuse,
Sa robe qu’il s’est fait envoyer de Paris,
Nommant très fort, mais comme à son oreille, un prix
Ridiculement gros à Roberte ; sa jupe,
Bien trop large pour lui, dont il se préoccupe,
Plein d’affectation, ayant soin que le bas
Qu’il relève à deux mains ne se salisse pas,
Dure, avec des reflets, est faite d’une espèce
D’étoffe qu’il prétend valoir au moins par pièce