Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/145

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De larges zigzags d’or sur un fond bleu de ciel.
Espacés sur le grand pont artificiel,
Des sortes de marins dansent la matelote ;
Ils ont le mollet rose avec une culotte
Bleu clair ; leur blouse blanche a dans le dos un col
Carré de matelot ; ils frappent sur le sol
En même temps avec la semelle, et leurs gestes
Se font toujours assez ensemble, quoique lestes ;
Des femmes avec eux sont mises à peu près
Pareil : culotte bleue et bas roses proprets,
Grand col semblable au dos des mêmes blouses blanches
Qui, serrant à leur taille, exagèrent les hanches ;
Mais au lieu des toquets qu’ont tous leurs compagnons,
Des bonnets de coton bleus cachent leurs chignons.
Devant, le haut d’un corps de femme fait la proue.
À l’arrière, tenant la gigantesque roue
Fixe d’un gouvernail, un immense homard
Avec de vagues traits humains, l’air goguenard,
Semble, serrant ses deux grandes pinces d’un rouge
Vif, diriger la roue en frime qui ne bouge