Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/166

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Qu’on ne sent pas d’ensemble en écoutant, malgré
Tout le mal très sincère, il est vrai, que se donne
Le chef là-haut ; alors en marchant il fredonne,
En battant de son bras comme avec un bâton
Le rythme ; il dit : « Voyez, c’est faux comme un jeton,
Ça ne peut m’échapper, moi qui suis virtuose. »
Il se met à parler des choses qu’il compose,
Une cantate en sol, des fragments d’opéra,
Un scherzo pour hautbois et flûte, et cætera :
« Je m’y connais très bien, vous pouvez être sûre
Que s’ils sont alignés tous dans cette chaussure,
C’est que l’orchestre joue en effet comme un pied. »
Approuvant cet endroit, du reste qui lui sied
Fort bien, en s’expliquant lui-même sans pancarte
D’aucun genre. Gaspard, pour tâcher qu’il s’écarte,
Lui dit avec le bras levé que justement
La musique du char s’arrête en ce moment,
Et que puisqu’il prétend être assez fort pour rendre
L’ensemble plus parfait, il devrait aller prendre
La place et le bâton défectueux du chef.