Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/168

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En français, allemand et anglais, car sinon
Il pourrait exposer sa femme à l’adultère,
Si l’autre est comme lui, beau. Pour le faire taire,
Lui demandant s’il va parler jusqu’à demain
Matin sans arrêter, Roberte, de sa main
Qu’elle applique dessus, feint de fermer la bouche
Du masque ; mais il crie au meurtre, qu’on lui bouche
La respiration, qu’on vienne, qu’on commet
Un assassinat ; puis bruyamment il se met
À répéter un bruit de baisers, disant vite
Entre chacun, en bouts de phrases, qu’il profite
Quand même de la chose, et qu’en grand amoureux
Il est content s’il meurt en lui baisant le creux
De la main ; que sa peau fine et rosée embaume,
Qu’il ne sait pas s’il rêve et que, près de la paume
À peine dessinée, en long, elle a surtout
Une fossette plus douce, que son sang bout,
Que tout son corps frissonne et que son cœur tressaute
À se rompre ; Roberte en lui faisant : « Chut ! » ôte
Sa main, puis sans penser elle l’ouvre un peu voir