Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/237

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Le premier vers s’aligne en dessous ; on le dit
À l’instant, malgré soi, sur l’air. L’homme brandit
Un drapeau tricolore et dur dans sa main droite,
Paraissant en carton épais ; en haut miroite
Un ornement de cuivre au bout du manche bleu
Très long pour le drapeau ; sur le blanc, au milieu,
Est écrit, commençant par une majuscule,
Et lisible d’ici quand il ne gesticule
Pas trop vite, sur deux lignes : « Je suis chauve hein ? »
Pour faire un calembour avec le mot chauvin ;
Un groupe de pierrots le suit, tapant par terre
Du pied pour imiter comme un pas militaire ;
Il s chantent pour de vrai la Marseillaise en chœur ;
Le chauve fait du bras gauche un geste vainqueur,
Agitant le drapeau du droit, tenant la hampe
Par le milieu ; soudain il se gratte la tempe
Par la bouche, et refait son geste. Parmi l’air
Assez juste, on entend le timbre un peu plus clair
D’un pierrot plus petit, à voix d’enfant, en rouge,
Criant plus fort que ses compagnons, et qui bouge