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LA DOUBLURE


Au moment où l’on pousse, avec un coup, la porte
En fer de l’escalier plein de monde ; ce sont
Les figurants sortant de scène, qui s’en vont
Avec leur cliquetis. Le deuxième qui passe
S’arrête quelque temps à la porte et ramasse,
Faisant un bruit de fer continuel, la clé ;
Il s’approche d’un pas ; après avoir raclé
Du bout pointu le bord de l’ouverture, il pousse
La clé dedans. Un autre, en passant plus loin, tousse
Deux ou trois fois, et lance avec bruit un crachat.
Un autre imite un long miaulement de chat,
Puis fait claquer ses doigts en disant : « Viens donc ! » comme
S’il appelait le gros noir d’en bas qui se nomme
Moustapha, mais que tous appellent plus Noiraud,
Et qu’on rencontre assez souvent, marchant en haut.
Un pas marche tout près, et la porte est cognée
D’un choc sec et vibrant, comme par la poignée
D’une épée ; à la fin la lourde porte bat,
Et tous les figurants dans leur bruit de combat,
Pareil au cliquetis sans règle d’une troupe