Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/271

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Devant, on voit parfois tout à coup des reflets
Rayer l’enroulement humide de la vague,
Puis disparaître quand elle s’étale, vague
Dans le noir, en faisant un tumulte plus fort
À cet endroit. Bientôt ils s’arrêtent au bord
En voyant miroiter tout humide la trace
De l’eau. Roberte lui tend sa bouche ; il l’embrasse
En la serrant avec ses deux bras, de nouveau,
Longuement et longtemps. Puis ils regardent l’eau,
Écoutant pétiller en se séchant l’écume
Des vagues à leurs pieds mêmes. Roberte hume,
Disant : « C’est drôle, il n’est pas salé du tout, l’air. »
De temps en temps on voit, même loin, sur la mer,
Très vite, miroiter un espace de houle ;
Puis tout redevient noir, sombre. La vague roule
Puissamment les galets mouillés, avec un bruit
Qu’on croit cesser parfois, mais qui se reproduit
Au loin, dans un endroit quelconque de la côte,
À droite ou bien à gauche. Une vague plus haute
Les force en ce moment à reculer d’un pas,