Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/321

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Au tiers de l’avenue il avait vu parmi
Plusieurs marteaux, encore assez mal affermi,
Ce théâtre, et semblant commander tout le monde,
La patronne, une grosse et forte femme blonde,
En pèlerine, avec un grand tablier bleu,
Parlant à haute voix en tous sens, au milieu
Des autres, marchant sur l’estrade déjà telle
Qu’on la voit là. Gaspard s’était approché d’elle,
Puis avait demandé : « Je voudrais savoir si
L’on n’aurait pas besoin de quelque acteur ici. »
Tout de suite elle avait répondu qu’oui ; tout juste
Elle cherchait quelqu’un pour remplacer Auguste.
Puis ils avaient parlé quelque temps tous les deux
Avec toujours le bruit des marteaux autour d’eux.
À la fin elle avait dit qu’il revienne, qu’elle
S’occuperait de la voiture dans laquelle
Il coucherait ; Gaspard alors était parti
Angoissé, murmurant tout seul, anéanti
Et ne pouvant se faire encore à cette idée
Que cette vie était maintenant décidée,