Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/330

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À côté, fait plusieurs mesures qu’on entend
Malgré le piano ; le violon attend,
Puis, après le début de la harpe, commence
Doucement, avec une expression immense,
Très lentement, un chant religieux et doux ;
Dans le fond du café, loin, on entend la toux
Violente et sans fin de quelqu’un qui s’étrangle.
La patronne, criant toujours, se range à l’angle
De l’escalier, à droite ; elle n’arrête pas
De faire pivoter son tourniquet. Là-bas
Les chevaux de bois vont très vite, de plus belle ;
Gaspard voit une femme en bleu qu’il se rappelle
Tout à l’heure avoir vue à l’avant-dernier tour ;
En haut on voit tourner tellement fort le jour
Des lampes, qu’on ne peut plus en détacher une
En la suivant ; plutôt grande, une femme brune
Est bien faite et posée avec grâce, un genou
Assez haut, très plié ; le grand nœud rouge, mou
De son chapeau de paille à grande forme, tremble ;
L’orgue est toujours tourné par le gaucher et semble,