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LA DOUBLURE


De ses mains, pour la force aussi de son parfum.
Parfois quelque bijou nouveau donné par l’un
Ou par l’autre, une bague énorme ou quelque broche
Qu’il ne lui connaît pas, font, sans qu’il lui reproche
Jamais rien, la douleur d’un de ses rendez-vous,
En excitant en lui des haines de jaloux
Qu’il n’aurait pas osé lui dire, et qu’il redoute.
Il aurait tant voulu l’avoir pour lui seul, toute
À lui, mais il sent bien qu’il n’a guère le droit
D’exiger rien, que c’est lui-même qui lui doit
Tout. Souvent, lorsqu’elle est plus libre, elle préfère
Au luxe surchargé partout, à l’atmosphère
Chaude, au clinquant doré de son appartement
Où l’on peut être, aussi, surpris à tout moment,
Les murs et le parquet froids de sa chambre nue
Où depuis quelque temps elle n’est pas venue.
Mais pour se rattraper, disait-elle aujourd’hui
Dans un mot en papier parfumé qu’elle lui
Écrivait, elle s’en faisait toute une fête
De revenir ce soir !