Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/81

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Le char du cuisinier, après ce long retard
Du grand encombrement qui subsiste, repart
Maintenant seulement ; et Roberte s’arrête,
Voulant le regarder partir. La grosse tête
Joyeuse, sous le blanc de l’immense bonnet,
Lui rappelle d’ici quelqu’un qu’elle connaît ;
Un rire satisfait plisse la grande joue.
À présent la musique, en recommençant, joue
Une sorte de basse ou de rythme sans air,
Qui ne donne qu’un bruit faible dans le plein air.
En haut les marmitons, sous l’immense couvercle
Toujours levé sur eux, recommencent leur cercle
En se donnant le bras, changeant assez souvent
De côté dans leur ronde ; ils sautent en levant
Très haut, l’une après l’autre, en travers, chaque jambe.

L’étincellement d’or comme du feu, qui flambe
Au fond du fourneau, n’est qu’une boule en papier
Métallique, cuivré, qui cherche à copier,
Par ses reflets brisés et chiffonnés, la braise.