Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/102

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Il sera le héros d’un moment, séduira,
Et que, s’il y met du sien, on lui sourira ;
Tout lui paraît doré dans le monde ; il ignore
Le mal, et n’a pas fait apprentissage encore
Des gros soucis ; il est radieux et content.
Deux fillettes en grand noir se ressemblent tant
Qu’on les déclare, sans hésiter, sœurs jumelles ;
On pourrait aisément les confondre ; une d’elles
Regarde avec tendresse et bonté le petit ;
Ce jeune frère la rend fière ; elle subit
L’ascendant infaillible et soudain qu’il exerce
Sur tous ; en sa figure admirative perce
Un sentiment quasi maternel de douceur.
À côté d’elle, moins angélique, sa sœur
A dans les traits et dans les regards quelque chose
De plus accentué ; d’un ton libre elle cause
Sur un sujet léger, avec un frère aîné
Qui se tient raide et droit, embarrassé, gêné
Par l’apparat et la nouveauté d’un costume
D’homme, dont il n’a pas encore pris coutume ;