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Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/110

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En conservant son air grave ; sa barbe large
Est taillée avec un soin extrême et très bien,
Impeccable sur les trois côtés, n’ayant rien
Qui dépasse ; en sonnant le clairon il se donne
L’expression la plus comprimée et bouffonne,
Écarquillant avec un effort les sourcils.
Au dernier rang on croit voir comme deux fusils
Sur deux épaules ; l’un est une grande ombrelle
Étalant entre ses pointes de la dentelle,
Et qu’une femme serre un peu contre son cou ;
L’autre est tout simplement une canne en bambou
Avec un globe noir, brillant, uni, pour pomme ;
Celui qui la tient sur l’épaule est un gros homme ;
Il tourne un peu la tête et les yeux en dehors
Se soustrayant à la discipline ; son corps
Malgré l’infraction reste droit et rigide ;
Tout en portant les yeux autre part il se guide
Par routine et sans y songer sur le joueur
De clairon ; il a pris l’aspect d’un grand tueur,
D’un barbare qui sans sensiblerie achève