Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/113

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Ne voulant pour rien au monde attacher de prix
À son caquet ; il n’est aucunement surpris
Qu’un homme tel que son digne voisin divague ;
Il regarde, levant les sourcils, quelque vague
Déferler en avant, loin, sur le sable fin ;
Le gros se donne bien du mouvement en vain,
Car l’autre, avec son air paresseux, interprète
À sa façon ses beaux arguments, et ne prête
Que peu d’attention aux paroles qu’il dit ;
Dans son regard perdu, problématique, on lit
Sans avoir besoin d’être un devin ce qu’il pense
De l’aptitude ainsi que de l’intelligence
Du bavard ; il ne voit pas qu’on ait là de quoi
S’attarder ; il refuse aussi d’ajouter foi
Aux balivernes sans raison d’être, aux sornettes
D’un homme qui n’a pas de ressources bien nettes
Dans la cervelle ; il a dès longtemps renoncé
À la discussion ; il s’est bien enfoncé
En s’asseyant sur le parapet ; il préfère
Être à son aise en tous cas ; le gros, au contraire,