Aller au contenu

Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Rêvant de faire un tour afin de se distraire ;
Il n’a pas l’habitude et s’y reconnaît mal
Dans ce pays qu’il tient à voir ; un littoral
Se découpe sur la carte solide et neuve ;
On voit des golfes et de minces caps ; un fleuve
Au cours extrêmement tourmenté, sinueux,
Sort, timide d’abord, d’un endroit montagneux ;
Il fait des courbes et des angles, il ondule,
Passe près de plusieurs bourgs, avance, recule,
Reçoit après un grand détour un affluent,
Puis arrose une ville à l’air plus important ;
La mer est tout unie et vaste ; les campagnes
Sont claires, sans aucun relief ; mais les montagnes
Ont un aspect plus dru, plus épais, plus foncé,
Et le chaos de leur noirceur est plus forcé
Selon l’entassement et selon l’altitude ;
L’homme s’adonne avec prévoyance à l’étude
Persévérante et sans aléa d’un tracé ;
Un chemin par lequel il n’est jamais passé
Lui semblant hasardeux, scabreux, il le précise.