Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/186

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Chicanent avec des questions la marchande,
Sans broncher, sans que leur bouche raille ou se fende ;
Ils se sont condamnés au flegme, à la froideur,
Et s’interdisent tout symptôme de rondeur ;
La marchande fait son choix ; elle est aguerrie
Contre le badinage et la taquinerie ;
Elle écoute et ne se décontenance pas ;
Dans la vie elle a trop d’autres pressants tracas
Pour s’occuper du bel esprit qu’on fait sur elle.

Deux enfants, en jouant, se sont pris de querelle ;
Ils arrivent à la menace, aux vilains mots,
Aux injures ; tous deux s’en veulent à propos
De quelque infâme et trop flagrante tricherie
Commise par l’un d’eux avec effronterie.

Trois hommes dans l’allée ombreuse vont de front ;
Le plus âgé, le plus respectable, interrompt
Sa marche lente, car ce qu’il va dire exige
Beaucoup d’attention soutenue ; il oblige