Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/202

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Et guette, son mètre en main, le moindre progrès.
Sans cesse, avec espoir et crainte, elle se pèse
Et croit, en gagnant un kilo, qu’elle est obèse.
Elle retient sa faim, mange comme un oiseau,
Aspire à devenir, quelque jour, un roseau ;
Elle recherche les attitudes pensives.
Sa sœur sourit beaucoup en montrant ses gencives ;
Elle n’entre dans un salon plein qu’en s’armant
À l’avance des mots : très réussi, charmant ;
Elle adopte avec feu l’avis, la préférence
Du dernier qu’elle voit, fait une révérence
Aux dames mûres, sans trouver le moindre mais
À quoi que ce soit en ce monde.

Un grand dadais
De quinze ans est sous la vigilante tutelle
D’un cérémonieux précepteur ; il s’attelle
Péniblement à la besogne ; mal doué,
Il a besoin d’être à chaque instant secoué.
En face d’une page à remplir il renâcle,