Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/29

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Est dans la joie ; on croit voir ses larges épaules
Se secouer, grâce à des mots lestes et drôles ;
Il s’en donne et se fait quelque peu de bon sang,
Laissant libre son gros rire sonore et franc ;
Ses mains s’enfoncent presque entières dans ses poches,
Et ses coudes tous deux semblables, quoique proches
De son corps, laissent par l’écart assez de jour
Pour qu’on distingue dans le lumineux contour
Les vagues au lointain, ne cessant de décrire
Leurs courbes. Un second homme est en train de rire
À la droite du gros ; on aperçoit ses dents
Car il ne garde rien de sa joie au dedans ;
Sa jambe s’est levée afin que sa main puisse
Allonger un soufflet bien à plat sur sa cuisse,
Et son pied gauche est, par ce fait, un peu distant
Du pont ; l’homme n’est pas gêné ; pour un instant
Perché tranquillement sur un seul pied, il garde
L’équilibre ; il ne fait qu’écouter et regarde
Celui qui le fait tant pouffer et qui se tient
À la gauche du gros hercule auquel il vient