Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/37

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Il n’a pas le désir de se changer de place
En avant pas plus qu’en arrière. Il est en face
De deux femmes à la fausse excentricité
Étalant un piteux luxe mal imité ;
Leurs robes claires sont en étoffes douteuses
Voulant singer par leur aspect les plus coûteuses ;
Leur genre est tapageur et de mauvais aloi ;
Leur figure paraît s’outrer, grâce à l’emploi
De pâtes et de fards épais de toutes sortes ;
Elles sont toutes deux corpulentes et fortes ;
L’une veut contrefaire, en étendant le bras,
Un beau geste usité dans les grands opéras,
Et, comme dans la scène émouvante, elle jure
Qu’elle n’avance rien que la vérité pure ;
Son geste est solennel, tragique et véhément,
Son attitude se fait digne et son serment
Doit être une orgueilleuse et solide réponse
Pour un soupçon auquel elle veut qu’on renonce,
Le tout pour rire, sans courroux, sans gravité,
Sans vrais griefs pour le soupçon immérité.