Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/42

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La brise joue encore avec lui, le renverse
Et progressivement l’effrite et le disperse,
Emportant les flocons partiels un par un ;
Le plus tenace aura son tour. L’enfant est brun ;
Il a l’air de parler à son chien, il l’exhorte ;
Sa jambe droite, raide, est en avant et porte
Le poids entier de son corps entraîné qui suit
Le bout de bois, pendant qu’il s’évade et s’enfuit,
S’apprêtant à troubler une courte accalmie
Visible au bord de l’eau ; la physionomie
De l’enfant encourage et ranime le chien
Afin qu’il n’ait pas peur et qu’il s’élance bien ;
L’enfant, le surchauffant à l’avance, l’excite
De crainte qu’il reste en arrière, qu’il hésite
Et ne soit pas assez décidé ni dispos
À se plonger ; l’enfant tient derrière son dos
Sa main gauche ; son poing inutile se ferme
Et se crispe ; il est en chaussettes ; l’épiderme
De ses mollets est brun, profondément hâlé,
Mais le ton, au mollet droit, n’est pas égalé