Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/51

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Sans se tromper d’endroit et sans jamais confondre
Leurs manigances ni leur rôle respectif ;
La nourrice fait son travail constant et vif
Sans le voir et sans y penser ; son esprit vogue
Vers un sujet bien plus grave ; elle dialogue
Avec une autre femme et paraît discuter ;
L’autre est assise près d’elle et, pour l’écouter
Avec plus de profit, elle a cessé de coudre ;
C’est une gouvernante ; elles ont à résoudre
Certaine question pressée et qui revêt
À leurs yeux quelque grand et puissant intérêt,
Question à la fois délicate et prenante ;
C’est la nourrice qui parle ; la gouvernante
Guette anxieusement, pour saisir au plus tôt
L’occasion qu’il lui faut, pour placer son mot ;
Cette application volontaire l’oblige
À ne pas s’employer ailleurs ; elle néglige
Son ouvrage qui, lui, veut être regardé
Étant plus compliqué que du tricot ; un dé
Brille à son doigt ; avec l’extrémité du pouce