Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/57

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Les pas nombreux, petits, sont fortement moulés,
Reconnaissables tous sur les endroits foulés ;
L’enfant tient une pelle en bois, de même forme
Que celle du petit, mais longue, lourde, énorme ;
Par ses proportions elle ressemble un peu
À quelque bêche dont elle doit tenir lieu ;
L’enfant a ramassé toute une pelletée
Qu’en ce moment il n’a pas encore jetée ;
Mais il est sur le point de prendre son élan
Pour la lancer avec force dans l’océan ;
Il tient sa pelle dans ses deux mains, la recule
Par une impulsion discrète, presque nulle ;
Mais son attention est tendue, il est prêt
Au moment du plus grand recul et de l’arrêt
À faire repartir, sans qu’un seul grain ne verse
Le sable, hardiment et fort, en sens inverse,
Tout en le maintenant en un paquet serré,
Afin qu’il tombe au loin, sans fragment séparé,
Et fasse son plongeon d’un seul bloc et sans perte ;
La place où fut ôté le sable est recouverte