Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/65

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Et subit le reproche amer, silencieux,
D’une femme montrant simplement les grands yeux,
Ouvrant très hautes les deux paupières, pour faire
Un regard glacial, terrifiant, sévère.

Un homme vient de bien lancer avec la main
Un gros ballon ; il est en face d’un gamin
Qui, guettant le ballon, saute de joie, exulte ;
L’homme a la gaîté franche et forte de l’adulte
Qui, par hasard, se mêle aux ébats des enfants ;
Il rit complaisamment et ses superbes dents
Brillent très blanches dans sa grande barbe noire.
Le gamin attentif, amusé, semble croire,
Soit avec des raisons logiques, soit à tort,
Que le ballon lancé trop vivement, trop fort,
Accomplira, plus loin qu’il ne faudrait, sa chute ;
Aussi le bond joyeux et prompt qu’il exécute
Est rétrograde avec intention ; en l’air
Le ballon bien gonflé, rebondissant et clair,
Est recouvert de cuir et d’assez grosse taille.