Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/93

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Il est obstinément courageux, énergique ;
Il s’est dit qu’il aurait la victoire et s’applique
En faisant preuve d’une intense volonté,
S’y mettant carrément comme un jeune indompté ;
Les mains, toutes les quatre, agressives, crispées,
Blanches de leur effort, se sont bien attrapées
Et ne se lâchent pas ; les doigts, en alternant,
Vont les uns entre les autres, se retenant ;
Le garçon a déjà les cheveux en désordre
Tant il peine ; une mèche épaisse vient se tordre
Sur son front où, tassée et courte, elle décrit
Une courbe formant presque un crochet ; il rit ;
Le triomphe qu’il sent prochain pour lui l’amuse ;
Il veut le remporter sans traîtrise, sans ruse,
Par son seul ascendant, sans moyen déloyal,
Sans préparer de piège et sans faire de mal ;
Il évite la moindre intention brutale ;
Sa figure, dans son fond, reste joviale ;
Il donne un dernier coup de collier ; le succès
Qu’il touche, pour ainsi dire, et qu’il voit de près