Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/95

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Est bien tel qu’il se le figurait à l’œil nu.
En suivant à travers les airs, par la pensée,
La ligne toute droite et fictive, sensée
Être décrite avec son rayon visuel,
On arrive par un trajet continuel
Jusqu’au bout opposé ; la vue est arrêtée
Très loin à droite, par une longue jetée
Qui, terminant la plage, avance dans la mer ;
Elle est très exposée, il y fait beaucoup d’air ;
Une mince fumée, en partant d’un cigare,
S’éloigne avec vitesse et violence. Un phare
Se dresse à la partie extrême ; sa hauteur
Est moyenne ; il est d’une impeccable rondeur ;
En haut, resplendissants et reluisants, ses verres
Doivent, le soir, former d’innombrables lumières ;
Ils sont multiples et puissants ; ils sont braqués
En tous sens ; leurs divers genres sont compliqués ;
Certains rappellent par l’aspect de grosses loupes,
D’autres des lames de volets.