Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/99

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Formant évidemment un seul groupe avec eux,
Deux hommes se sont mis sur une même ligne
En face de la mer ; le plus jeune désigne,
Tout en donnant avec faconde son avis,
Un point qu’il cherche à rendre exact et bien précis
Sur l’océan semé de bateaux, qui s’étale
Devant leurs yeux ; il tient sa canne horizontale
Pour indiquer avec justesse ce qu’il voit ;
En outre, il tend sa main gauche et son second doigt
Pointe en direction sensiblement oblique
Par rapport à la canne ; il pérore, il explique
Sa manière de voir ; pourtant son compagnon
Résiste, difficile à convaincre, et fait « non »,
N’approuvant pas ce qu’on lui dit, ce qu’on lui montre ;
Il médite beaucoup de bons arguments contre ;
Calme, placide, les mains derrière le dos
Il est prêt à détruire, en quelques simples mots,
Le vaniteux mais trop fragile échafaudage
Qu’on veut lui présenter ; il est d’un certain âge
Et sans prétention ; en se le figurant