Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/12

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caduques touchant les semailles et la moisson.

Émerveillées de cet état de choses, les tribus limitrophes s’allièrent à Forukko pour profiter de ses décrets et avis, non sans garder chacune son autonomie avec le droit de reprendre à son gré une indépendance complète. Il s’agissait là d’un pacte d’amitié et non de soumission, par lequel on s’engagea en outre à se coaliser au besoin contre un ennemi commun.

Au milieu d’un fol enthousiasme déchaîné par la déclaration solennelle de l’immense union accomplie, on résolut de créer, en guise d’emblème commémoratif apte à immortaliser l’éclatant événement, une statue faite uniquement de terre prise au sol des diverses tribus conjointes.

Chaque peuplade envoya son lot, en choisissant de la terre végétale, symbole de l’abondance heureuse qu’annonçait la protection de Forukko.

Avec tous les humus mélangés et pétris ensemble, un artiste en renom, ingénieux dans le choix du sujet, érigea un gracieux enfant souriant, qui, véritable rejeton commun des nombreuses tribus confondues en une seule famille, semblait consolider encore les liens établis.