Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/16

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daires l’ayant privé de toute signification, le fétiche, banni de la place publique et relégué comme simple curiosité parmi les reliques d’un temple, avait depuis longtemps sombré dans l’oubli.

Échenoz voulut le voir. Dans la main de l’enfant, intact et souriant, se dressait encore la fameuse plante, qui, maintenant sèche et rabougrie, avait jadis — l’explorateur réussit à l’apprendre — conjuré pendant plusieurs années, jusqu’à produire une complète guérison, chaque nouvelle crise de Duhl-Séroul. Possédant sur la botanique les notions qu’exigeait sa profession, Échenoz reconnut en l’antique débris horticole un pied d’artemisia maritima — et se rappela qu’absorbées en quantité minime, sous la forme d’un médicament jaunâtre nommé semen-contra, les fleurs séchées de cette radiée constituent, en effet, un très actif emménagogue. Pris à une source unique et pauvre, c’est justement à faible dose que le remède avait toujours agi sur Duhl-Séroul.

Pensant que le Fédéral, vu son présent délaissement, pouvait être acquis, Échenoz offrit un large prix aussitôt accepté — puis rapporta en