Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/163

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cherchèrent à fuir de tous côtés l’aqua-micans.

Canterel comprit soudain la cause très simple de leur angoisse, tout en se reprochant de n’avoir pas prévu l’incident ; convenant à la respiration d’êtres purement terrestres, le liquide spéculaire était forcément trop oxygéné pour des créatures aquatiques, et les hippocampes n’y couraient pas moins de dangers qu’à l’air libre.

Au moyen d’une pêchette, le maître se hâta de les réintégrer dans leur bocal.

Puis, cherchant quelque remède contre l’énorme inconvénient destructeur de tous ses projets, il voulut traverser chaque poitrail avec une sorte de séton, qui, en maintenant toujours deux ouvertures praticables, laisserait échapper l’excès d’oxygène formé dans l’organisme des chevaux marins.

D’abord tentée sur un seul hippocampe muni d’un séton provisoire, l’expérience eut le plus entier succès ; des bulles légères se frayaient de force un passage par les deux orifices nouveaux dès qu’on plongeait dans l’aqua-micans l’animal opéré qui, n’éprouvant aucune gêne, se mouvait paisiblement parmi l’étincellement des reflets. Dans l’eau ordinaire, les bords du double