Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/256

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En recommençant, avec la même brusquerie fabuleuse, le mouvement de tête effectué alors, il parvenait parfois à s’infliger la mystérieuse souffrance en jeu. Mais nombreux étaient les cas où le tic, malgré toute la violence mise, demeurait indolore. À la longue, Roland découvrit que la venue ou le défaut du mal dépendait du point de l’espace auquel il faisait face. Multipliant dès lors les expériences, il fut contraint d’admettre finalement, malgré les révoltes opiniâtres de sa raison, cette conclusion incroyable : en n’importe quel lieu clos ou découvert, quand, se trouvant vis-à-vis le nord, il tournait subitement la tête soit à l’est, soit à l’ouest, la sensation apparaissait, — alors qu’une orientation initiale de sa personne vers tous autres points cardinaux laissait sans nul effet ses plus prestes pivotements céphaliques.

Roland se rappela qu’effectivement il avait juste devant lui certaine fenêtre en pan coupé donnant au nord, lors de la fatale visite de Ruscassier, debout à sa droite.

Consistant en de nombreux picotements nettement localisés, la douleur provenait évidemment des multitudes de pointes aimantées