Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/270

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Visant à une extrême finesse d’exécution, que ne pouvaient lui donner tels instruments de fortune provenant de son plumier, il songea que sa mie de pain, insuffisante comme argile, lui servirait excellemment, du moins, à façonner avec ses doigts des ébauchoirs de formes infinies et précises, bons à étrenner une fois durs.

Mise en pratique, son idée triompha. Pourvu d’outils conçus par lui et bien rassis, il fit avec son paquet de cire, d’après le dernier dessin dû à son bizarre procédé, un Gilles spirituel et vivace. Se sentant le pied à l’étrier, il passa tout son temps libre à sculpter son héros sous mille formes, commençant par établir — à l’aide d’une silhouette blanche qui, faite au grattoir sur fond d’encre, lui inspirait de fécondes trouvailles — l’attitude, les traits et l’expression de chaque statuette.

Sitôt une œuvre finie, la cire, roulée entre ses mains, devenait une boule unie prête à resservir.

Jerjeck attacha bientôt une importance grandissante à son étrange travail préalable sur papier, voyant qu’il en tirait décidément ses