Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lettres, François-Jules Cortier, veuf depuis peu et père de deux jeunes enfants, François-Charles et Lydie, avait acquis près de Meaux, pour y vivre toute l’année en travailleur profond dont l’absorbant labeur exigeait une calme ambiance, une villa s’élevant solitaire au milieu d’un vaste jardin.

Doté d’un front remarquablement saillant dont il tirait orgueil, François-Jules préconisait au profit de sa gloire la science phrénologique. Dans son cabinet, une large étagère noire était pleine de crânes bien rangés, sur les curiosités desquels il pouvait savamment discourir.

Un après-midi de janvier, comme l’écrivain se mettait à la tâche, Lydie, alors âgée de neuf ans, vint demander affectueusement la faveur de jouer auprès de lui, en montrant par la vitre des flocons de neige qui, tombant dru, la cloîtraient au logis. Elle tenait une poupée-avocate, jouet qui, forme palpable d’un propos à l’ordre du jour, faisait fureur cette année-là, où pour la première fois on voyait des femmes au barreau.

François-Jules adorait sa fille et redoublait de tendresse envers elle depuis qu’il s’était, à regret, privé de François-Charles, placé récemment à