Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/305

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tion polaire, remarquable, à défaut du moindre pas gagné vers le nord, par la glorieuse découverte de plusieurs terres nouvelles.

Notamment, lors d’une reconnaissance pédestre tentée à travers la banquise loin de son navire pris par les glaces, Ashurst, sur son chemin hasardeux, avait trouvé une île absente de toutes les cartes.

Près du rivage, sur le sommet d’un monticule, une caisse de fer gisait au pied d’un mât rouge, planté là pour en signaler la présence. Forcée, elle livra uniquement un grand parchemin vieux et obscur, couvert d’étranges caractères manuscrits.

À peine réinstallé dans la capitale anglaise, Ashurst montra le document à de savants linguistes qui en tentèrent la traduction.

Rédigée en vieux norois avec signature et date encore nettes, l’antique pièce, tout en runes, émanait du navigateur norvégien Gundersen, qui, parti pour le pôle vers l’an 860, n’avait jamais reparu. Comme il était remarquable qu’à une époque aussi reculée on eût pu fouler déjà l’île au mât rouge, — perchée à une latitude qui, pour être atteinte de nouveau, avait exigé par la