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Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/319

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fut, en dépit de ses véhémentes dénégations, condamné au bagne perpétuel.

Convaincue de son innocence, sa mère, Pascaline Foucqueteau, honnête fermière des environs de Meaux, lui jura, lorsqu’il partit, d’avoir pour seul but désormais sa réhabilitation.

Miné par le remords, François-Jules, qu’obsédait nuit et jour l’image du pauvre forçat subissant mille tourments à sa place, perdit le sommeil et la santé ; son foie, que de tout temps il avait eu pour organe faible, s’attaqua dès lors grièvement et le conduisit en peu d’années jusqu’au seuil du tombeau.

Se voyant perdu, il voulut rédiger une confession qui pût, après sa mort, faire innocenter Thierry, dont jamais les atroces maux immérités n’avaient cessé de le hanter.

Forcé à se taire de son vivant par l’épouvante des suites judiciaires et pénales qu’aurait eues pour lui son aveu et par la perspective du trop complet éclaboussement qu’eût octroyé à François-Charles l’odieux scandale de son procès, il acceptait l’idée d’un franc mea-culpa posthume.

Mais il résolut d’enfermer son écrit, afin de pallier la honte appelée à s’en dégager, dans