Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/341

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corps de lumière qu’entraînait derrière un pâle horizon une foule de liens à bout ailé.

Avec de brefs commentaires, Canterel nous désigna, au milieu de la chambre, un certain Lucius Égroizard, qui, devenu subitement fou en voyant sa fille âgée d’un an odieusement piétinée jusqu’à la mort par un groupe d’assassins dansant la gigue, était depuis plusieurs semaines en traitement à Locus Solus.

Au fond, un gardien se tenait immobile.

Très chauve, Lucius, montrant son côté gauche, était assis de profil devant le bout d’une table de marbre, sur laquelle une sorte d’âtre orienté vers nous comptait deux chenets exempts de saillies, parallèlement vissés, sans en rien dépasser, sur les bords d’une plaque de tôle carrée garnie de charbons ardents.

Jetant comme un pont sur les chenets un morceau de reps gris long d’un mètre, large de moitié, le fou, évitant bien tout brûlant contact, en glissa face à face les deux extrémités sous la plaque, jusqu’à tension parfaite de l’aire supérieure, bordée devant et derrière, par rapport à nous, d’une étroite marge tombant en pente douce.