Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/345

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décrivait une minuscule trajectoire en demeurant sans cesse vertical et retombait dans un pore voisin qui, s’ouvrant pour le recevoir, le chassait aussitôt vers un nouvel asile béant prompt à le rejeter à son tour.

Bientôt rangés face à face au brillant sommet du crâne, à force de bonds successifs, sur deux files égales parallèles à l’axe d’une raie imaginaire, les douze cheveux, fidèles à leur mode de locomotion, dansèrent spontanément une gigue identique à celle des figurines de baudruche. Même alternance observée par les quatre occupants des places extrêmes dans de multiples demi-traversées diagonales d’abord simples puis accompagnées de différents tournoiements au centre, même seconde figure d’ensemble, durant laquelle deux vis-à-vis passaient, par d’ondulantes étapes, d’un bout du quadrille à l’autre.

Crispé par la souffrance et pareil à certains nerveux qu’exaspère un tic irréfrénable, Lucius, comme pour arrêter l’odieux manège, portait les mains vers son crâne, qu’une sorte de terreur l’empêchait de toucher. Et, malgré lui, la gigue, sautillante à souhait, se poursuivait, continuelle, implacable, les douze cheveux conquérant tour