Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/358

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ans les plus grands spécialistes, avait fait en pleurant un émouvant récit.

Membre fanatique d’une société italienne vouée exclusivement au culte de Léonard de Vinci, le malade, Lucius Égroizard, s’occupait simultanément jadis d’art et de science, afin de suivre, fût-ce de très loin, l’exemple, unique dans l’histoire, fourni par son idole. Peintre et sculpteur de talent, il avait, comme savant, fait de précieuses découvertes.

Tendres époux, Florine et Lucius connurent l’absolu bonheur lorsque après dix années de cruelle attente la naissance de leur fille Gillette combla leurs vœux les plus ardents. Négligeant ses travaux, le père, durant des heures, épiait les sourires joyeux et les premiers murmures de l’enfant si longtemps désirée.

Un an plus tard, Lucius emmena Florine et Gillette à Londres, où l’appelait une intéressante commande de portraits et de bustes.

Deux fois la semaine il se rendait dans une somptueuse résidence du comté de Kent, afin de peindre une jeune châtelaine, lady Rashleigh. Un jour, sur un souhait que celle-ci avait gracieusement formulé, il se fit accom-