Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/441

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la question émise par l’esprit du sujet ayant une profonde importance, que nous devions comprendre sous peu, le but du dé, essentiellement magique suivant Noël, était seulement de pénétrer la pensée en jeu avec une sûreté infaillible, sans laisser le champ libre, comme l’eût fait une information directe, à quelque mensonge taquin propre à déjouer exprès les combinaisons de l’opérateur.

En parlant, Noël nous mettait le dé sous les yeux. Paraissant veiné par les lettres, l’ensemble des six faces, numérotées en angle de 1 à 6, montrait isolément ces trois formules : L’ai-je eu ? l’ai-je ? l’aurai-je ? une fois en rouge, l’autre en noir, chacune occupant la plate antipode de sa pareille. Le choix d’un incident fortuné ou contraire était révélé au jouvenceau par la présence sur la face gagnante d’une inscription rouge ou noire, — le côté chronologique du renseignement se trouvant subordonné au temps du verbe. Partout le chiffre suivait la teinte de la formule.

Noël ouvrit un long volume étroit à luxueuse reliure bleue, vieille et usagée, sorte de code cabalistique dont il nous donna le secret. Le livre