Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/453

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lique d’épaisseur presque nulle, ajourée avec une finesse telle que seul un fort microscope en eût révélé chaque détail. À l’œil nu on ne pouvait que deviner les contours aériens de cet ouvrage de fée, minuscule cylindre occupant à peine la vingtième partie de son contenant.

Le jouvenceau ouvrit un sac de toile haut de quelques centimètres, d’où il fit choir dans le plateau de tulle, en couche uniforme, du charbon de bois concassé en menus fragments. Puis, frottant une allumette, dont la flamme, promenée sous le plateau, envahit le combustible entier, il établit sur le brasier improvisé la boîte diaphane, qui ne surplomba nulle part.

Après nous avoir enjoint d’épier assidûment le délicat rouleau métallique, prêt à subir une merveilleuse transformation, l’adolescent évoqua tout haut de lointains souvenirs.

Dès sa petite enfance, Noël avait fait l’apprentissage de la vie errante avec un vieil artiste nommé Vascody, qui, s’accompagnant sur la guitare, utilisait pour chanter en plein vent les restes d’une admirable voix de ténor. À la fin de chaque séance, Noël dansait et quêtait.

Pendant les haltes, Vascody charmait l’en-