Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/455

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son existence nomade, il franchit la grille ouverte d’un jardin et entonna au pied d’une tranquille maisonnette le grand air de la Vendetta.

Au bout de quelques mesures, un vieillard parut sur le seuil en murmurant avec émotion :

« Oh ! cette voix… cette voix… Seigneur, est-ce possible ?… »

Puis, s’avançant, le nouveau venu s’écria soudain en joignant les mains :

« Vascody !… C’est lui, c’est bien lui !… »

Vascody, s’arrêtant court, dit alors tout tremblant :

« Le comte de Ruolz-Montchal !… »

Les deux hommes, en pleurant, tombèrent aux bras l’un de l’autre, bouleversés par les réminiscences de jeunesse qu’éveillait en eux leur vue réciproque.

Introduit dans la maison, Vascody narra sa lamentable histoire à son ami, qui le renseigna ensuite sur sa propre vie.

Poussé vers la chimie par des revers de fortune, à une époque où son œuvre musicale était déjà nombreuse, le comte de Ruolz avait trouvé sa célèbre méthode pour argenter et dorer les métaux puis son procédé pour fondre l’acier.