Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dents descellées par son art, et l’occasion lui avait toujours manqué pour s’occuper de cette embarrassante réserve, dont la destruction s’était trouvée constamment ajournée.

Après l’éclosion de son nouveau projet il bénit ces retards successifs, qui mettaient à sa portée un élément utilisable et pratique.

Il prit le parti de consacrer son stock de dents à l’exécution de sa mosaïque. Leurs nuances et leurs contours différaient suffisamment pour se prêter à cette fantaisie, et un complexe enrichissement serait fourni par l’ensanglantement plus ou moins vif des racines joint aux reflets brillants des aurifications et des plombages.

Le maître fixa délicatement à la partie inférieure de sa hie, entre trois griffes servant de supports, deux nouvelles rondelles pareilles à celles qu’il employait pour ses opérations dentaires. Mais cette fois il avait réglé la composition des deux métaux de manière à fonder une aimantation beaucoup moins autoritaire ; il ne s’agissait en effet que de cueillir des dents simplement jonchées à terre, sans avoir à les extirper de leurs alvéoles ; en véhiculant leur léger butin d’un point à un autre, deux rondelles aussi