Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/67

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cieux destiné à lui servir de tombe, le baron remonta par le même chemin, suivi de ses serviteurs qui, devant lui, scellèrent l’entrée de la crypte à l’aide d’immenses pierres rouges, trop lourdes pour les bras d’un homme seul ; ces matériaux provenaient de rocailles d’art presque en ruine qui bordaient non loin de là une des allées du parc. Depuis plus d’un demi-siècle la communication souterraine avec le château était comblée par des éboulis, et rien ne pouvait soustraire le condamné à la mort lente et cruelle qui l’attendait loin de tout secours humain.

Après avoir essayé vainement de remuer les pierres rouges entassées sur l’ouverture qui lui avait livré passage, le reître fit le tour de sa vaste prison, dont l’examen minutieux lui enleva d’emblée tout espoir d’évasion.

Au cours de son exploration il avait ramassé dans un coin obscur certain vieux livre pourri en maint endroit, seul vestige à peu près complet d’un stock de volumes lamentables jetés là au rebut et presque anéantis par la moisissure ou par les rats.

Revenu près de la torche, il examina l’ou-