Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/135

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traversant la coque à la flottaison, les deux autres coupant son mât d’artimon et son petit mât de hune.

L’expérience que l’on venait de faire prouvait clairement que notre tir, quelque bien dirigé qu’il fût, n’empêcherait pas l’ennemi de reprendre son feu, tant qu’il aurait encore une pièce en état de servir. L’amiral décide, en conséquence, que les troupes de débarquement iront s’emparer de la batterie, la détruire, occuper le village et le château, et faire, en un mot, dans ce rayon, tout le mal possible à l’ennemi. Pendant que les hommes dînent et se reposent, un feu très-lent est continué sur les alentours de l’ouvrage.

Pendant ces événements, un curieux incident se passait sur la rive opposée. Nous étions embossés devant la petite ville de Tanaoura, appartenant, comme toute la côte sud du détroit, au prince de Bouzen. Dès le commencement de l’action, une foule considérable avait garni la grève, les nombreuses jonques mouillées en avant et les escaliers conduisant à des pagodes situées sur la montagne. Une heure après notre mouillage, M. l’abbé Girard, missionnaire très-versé dans la langue japonaise et l’interprète de la légation de la France, accompagnés d’une escorte, étaient chargés d’aller trouver les autorités de la ville et leur remettre la proclamation de l’amiral. Ils débarquaient au milieu des