Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/269

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

moins par ses aspects que par l’étude des mœurs de sa population ; nous n’aurons donc qu’à parler de sa physionomie, laissant à d’autres voyageurs favorisés par un plus long séjour à Yedo que celui que nous avons pu y faire, le soin de décrire les coutumes et les fêtes, la façon de vivre publique et intime de ses habitants.

Au premier coup d’œil, l’aspect de Yedo, quoique agréable, ne présente rien de particulier ; le voyageur qui s’attend à un spectacle imprévu en éprouve presque une déception. La ville occupe une immense plaine entrecoupée de collines et sillonnée par trois ou quatre bras de rivière. De grands enclos boisés, propriétés des bonzeries, des familles nobles ou du gouvernement, séparent entre eux les différents quartiers ; en sortant d’une rue populeuse, pleine de bruit et de mouvement, l’on se trouve transporté sans transition dans de longues avenues silencieuses, parfois au milieu de champs ou de vergers ; on dirait une suite de villages échelonnés dans une campagne verdoyante. Cette disposition, jointe à une population évaluée à trois millions d’âmes, donne le secret de son immense étendue. Le promeneur peut s’en rendre compte en s’élevant sur le sommet de l’une des collines. La pagode de Saïkaïdji, chapelle funé-

    port situé à l’entrée du golfe de Yedo, en dedans de la pointe d’Ouraga.