Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/289

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portant avec elle la fièvre commerciale et les idées philosophiques de notre époque.

Nous avons déjà donné quelques aperçus sur l’organisation de la société japonaise, société restée stationnaire depuis des siècles, et conservant intact son caractère féodal et militaire ; nous avons montré chacun de ses membres restant dans la caste où l’a placé le hasard de sa naissance, héritant de la profession de ses pères et destiné à vivre comme ils ont vécu ; la classe des nobles vivant dans ses châteaux, occupant les emplois du gouvernement ou les hautes charges ecclésiastiques de la cour spirituelle du mikado, ayant directement sous ses ordres une foule d’officiers, d’hommes d’armes, de petits fonctionnaires, de prêtres, formant entre eux et le peuple une sorte de classe moyenne ; enfin le peuple, divisé en pêcheurs, agriculteurs, artisans et marchands. Reposant de la sorte sur l’inégalité sociale, cette constitution paraît toutefois exclure l’arbitraire ; la grande responsabilité qui incombe aux gouvernants, l’étroite surveillance qu’exerce sur eux le pouvoir centralisateur de Yedo, la force que donne à ce pouvoir l’emploi tout exceptionnel de l’espionnage, tout cela paraît assurer aux gouvernés justice et sécurité. En échange de cette quiétude, ils devront à leurs supérieurs dans l’ordre social respect et obéissance absolus. Telle est la machine japonaise ;