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iv

L’ESCURIAL

Une nuit en chemin de fer. — L’Escurial. — L’église. — Le Campo Santo des rois d’Espagne. — Le cloître. — Le palais. — Une course dans la montagne.

Le meilleur moyen de voir lever l’aurore et le soleil, c’est de passer la nuit debout. Je vous donne gratis cette recette dont je viens de faire usage. Mais je vous préviens qu’une nuit dans un train espagnol n’est pas gaie — sauf l’heure du réveillon. Car il va sans dire qu’on ne passe pas une nuit sans dormir ni manger. Qui dort dîne… en songe ; mais qui ne dort pas doit dîner en réalité.

C’est une heure charmante que celle où l’on tire de son papier du pain, du beurre, du jambon, du poulet, et une bouteille de Valdepenas ou de Malaga. Le prix exorbitant qu’on nous les fait payer gâte un peu toutes ces bonnes choses ; mais quand on a faim et soif… n’est ce pas ? Ah ! je comprends pourquoi il n’y a plus de brigands en Espagne : c’est qu’ils se sont faits hôteliers, cochers, portefaix, gardiens de musées, ou qu’ils exercent d’autres industries également lucratives.

Enfin nous, avons réveillonné de bon appétit et de bonne humeur. Cela réchauffe, ragaillardit, et fait