Page:Routhier - À travers l'Espagne, lettres de voyage, 1889.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 42 —

repose maintenant sur un coussin de velours : elle faisait jadis un dur travail dans les mains de Roland !

Et ces deux fines épées qui se ressemblent comme deux sœurs jumelles, et qui se racontent peut-être leurs exploits et leurs voyages lointains ; il fut un temps où ceux qui les portaient se nommaient Fernand Cortez et Pizarre ! Voici la rapière de Don Juan d’Autriche, et celle de Dom Jaime ! Sur ce lit de camp a souvent dormi Charles-Quint ! Et ce drapeau déchiré, dont les lambeaux pendent dans cette vitrine, vénérez-le comme une sainte relique ; car il fut vainqueur à la bataille de Lépante.

Ô noble Espagne ! Quand on a ton glorieux passé, il est bien permis de se reposer sur ses lauriers, mais il ne faut pas s’y endormir.

Pour qu’une nation soit vraiment puissante et glorieuse, il ne suffit pas qu’elle vive selon les vrais principes sociaux et religieux ; il faut qu’elle ne perde pas de vue les principes économiques et les intérêts matériels.

Sans doute les premiers sont plus importants, plus essentiels à la vie nationale ; mais les seconds ne doivent pas non plus être négligés.

C’est pour avoir mis en oubli cette doctrine, que l’Espagne a vu décroître sa grandeur et sa puissance, de Charles Quint à Charles ii, l’Augustule de sa race, dit Donoso Cortès.

Mais cette belle nation s’est réveillée depuis, et ses nobles enfants travaillent à l’agrandissement de sa prospérité, de sa puissance et de sa gloire.