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L’ANGLETERRE

dormi à ses côtés, l’en avait fait enlever ; mais la reine Marie l’y fit réinstaller, et depuis, plusieurs rois sont venus prendre place sous les mêmes dalles funèbres.

Westminster a bien la grandeur, la solennité, l’aspect austère et le morne silence qui conviennent aux cimetières des rois, et quand vous entendez résonner vos pas sur le marbre de ces voûtes silencieuses, une impression profonde vous saisit. Pendant que vos yeux admirent ces belles proportions et les nombreuses sculptures de l’intérieur, votre esprit s’élève et voyage à travers les siècles qui ne sont plus, de ce monde tourmenté où nous venons mourir, à cette patrie des âmes ou nous irons vivre !

Le chœur et les transepts datent du règne de Henri III, de ce siècle de foi où l’Europe se couvrit des monuments du catholicisme.

Malgré toutes les modifications que la réforme lui a fait subir, ce beau temple conserve encore le caractère catholique. La consécration imprime aux choses comme aux hommes un caractère ineffaçable, et j’ai vu des églises transformées en casernes et en écuries qui gardaient encore un certain cachet religieux.

En y pénétrant, le catholique se sent ému, et son âme attristée remonte involontairement le cours des siècles, pour regretter le temps où les hymnes romaines retentissaient sous ces superbes arceaux.

Un autre regret nous atteint encore : c’est d’y retrouver ce qui déplaît à St Paul, une galerie trop mêlée de monuments funèbres et de statues.