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L’ANGLETERRE

un prisonnier d’État l’aperçut, et en devint amoureux. Il était roi, et l’amour en fit un poète, dont les vers ont survécu. Sa captivité fut longue ; mais quand les portes de sa, prison s’ouvrirent, Jacques II remonta sur le trône d’Écosse, et il y fit asseoir avec lui celle dont un regard avait illuminé sa prison.

Un autre poète a longtemps soupiré dans un cachot voisin. C’est le Comte de Surrey que sa vie aventureuse et ses vers non moins que ses amours ont rendu célèbre. On l’a surnommé le Pétrarque de l’Angleterre, mais il n’avait pas comme le poète italien, le tort grave d’aimer la femme dE son prochain ; car la belle Géraldine était libre.

À l’âge de 28 ans il sortit de la Tour Ronde, non pas comme Jacques I pour placer en même temps sur son front les diamants de la couronne et les roses de l’hymen, mais pour poser sa tête sur le billot où sans cause valable le cruel Henri VIII la fit tomber.

Et Géraldine, me demandera-t-on peut-être, que devenait-elle ?…

Réponse. — Un grand seigneur l’épousait en troisièmes noces.

O poésie de l’amour !