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L’ANGLETERRE

Les préjugés que cette vie sociale engendre contre le catholicisme sont incroyables. Nos croyances sont dénaturées, nos pratiques religieuses sont représentées comme des momeries ridicules, nos prêtres comme des ignorants et des débauchés, uns couvents comme des asiles d’aliénés et de femmes perdues, etc.

Le Dr Newman cite à ce sujet des faits complètement invraisemblables mais qui ont été crus, et qui donnent la mesure de l’ignorance et du fanatisme d’un certain public, composé en grande partie de l’Église Établie, de la conférence Wesleyienne et du parti Whig. Je n’en veux mentionner que deux.

Le premier est raconté dans une brochure, mise en circulation aux États-Unis et en Angleterre, et dont il a été écoulé 250,000 exemplaires dans l’espace de quinze ans. C’est un tissu d’infamies et d’horreurs qui auraient eu pour théâtre un des couvents de Montréal, en Canada. Plus c’est horrible et plus on y croit.

Une espèce d’hallucinée méchante, une maniaque pleine de vices, chassée de plusieurs maisons de Montréal pour mauvaise conduite s’est réfugiée à New-York, et raconte qu’elle s’est échappée d’un couvent, où de fait elle n’a jamais mis le pied. Une sorte de société biblique s’en empare et lui fait révéler les crimes dont les prêtres et les religieuses se rendaient coupables dans son couvent, et livre ce récit à la crédulité et à la malice naturelle du public.

Cette pauvre folle a-t-elle réellement raconté ce qui a été publié ? Certainement non, puisqu’il a été